De l’importance de la planification dans la filière volaille

Fév 9, 2022 | Expert métier, Expert numérique

La France ; 3ème pays producteur de volailles dans l’UE

Avec 14 000 élevages de volailles, 100 000 professionnels dont 34 000 dans les élevages eux-mêmes, la France est le 3ème  pays producteur de volailles au sein de l’Union Européenne. Poulets, dindes, canards, pintades, pigeons et même cailles, la filière française a la particularité de gérer une multitude de productions, qui suivent les évolutions de consommation, les différents cahiers des charges ainsi que le bien-être animal.

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Les particularités de la filière volaille

 

Quelles sont les particularités de la filière volailles en terme d‘organisation de la production et quelle est l’importance de la planification  ?

Éléments de réponse suite à la conférence « L’importance de la planification amont des filières agricoles dans le processus industriel agro-alimentaire » au SPACE 2021 avec Patrick Pageard, Président du Cidef – Comité Interprofessionnel de la Dinde Française – et Directeur Général de NUTRICIAB et Florence Le Coz, Responsable produits pour les filières productions animales chez Kerhis, éditeur de solutions informatiques.

Une production en flux tirés

En volaille de chair, la production se fait à flux tirés par la demande : c’est le besoin commercial qui va déclencher les besoins de production. Ce qui va être mis en place dans les élevages est déjà prévu d’être vendu par les abattoirs et souvent déjà contractualisé avec une partie de la distribution. Cette méthode de production vient en opposition au flux poussés dans laquelle l’éleveur produit puis propose sa production aux abattoirs et donc au marché.

Ce mode de fonctionnement permet de mettre sur le marché ce qui est demandé mais nécessite une organisation en amont et une planification très pointue. La commande de produits permet de définir les plannings d’abattage, à partir de ceux-ci-un « retroplanning » permet de programmer toute la production de la reproduction jusqu’à la mise en place en élevage.

Un marché hyper-segmenté

Le marché français est particulièrement complexe. Entre les différentes espèces, les labels, les IGP, le bio, les cahiers des charges spécifiques de tel ou tel acheteur, le sans antibiotique, sans OGM, élevé au maïs français, en liberté, jaune, noir, blanc bien d’autres encore, difficile parfois pour le consommateur de s’y retrouver en rayon ! Et c’est encore plus difficile de produire les bons produits au bon moment pour les éleveurs. Le marketing sur ce marché déborde d’imagination et multiplie les gammes pour tenter de différencier son produit de celui du concurrent.
Même sur les produits classiques, les acheteurs souhaitent des produits de plus en plus calibrés. Le poulet doit non seulement être au cours moyen, mais avec un niveau d’homogénéité pour satisfaire la notion poids/prix. Cela implique un suivi précis du poids dans l’élevage et aussi une planification extrêmement fine de la date d’abattage.
Cette hyper segmentation impacte toute la chaîne de production, des souches reproductrices aux types de bâtiments utilisés, à l’alimentation, à la durée d’élevage, … Avec tout ça, l’éleveur doit assurer sa rentabilité en optimisant au mieux ses productions, l’utilisation de ses bâtiments, la gestion de l’alimentation tout en respectant les règles sanitaires et bien sûr en assurant une traçabilité sans faille. Un vrai casse-tête : la planification est donc un enjeu crucial !

Le mode de production en flux tirés et cette hyper-segmentation imposent une planification au millimètre. Elle permet bien entendu de répondre à la commande avec le bon produit au bon moment. Au-delà de l’aspect production et honorer les commandes abattoirs, la planification est importante pour la rentabilité de l’éleveur. Cela permet de s’assurer que l’on peut proposer une bonne rotation dans le bâtiment et optimiser au mieux le remplissage, en fonction de l’activité des abattoirs.

Comment fonctionne la planification ?

La planification se fait généralement en deux phases : la planification production qui elle-même enclenche une planification couvoir. En effet, en fonction de la demande abattoir, il sera possible de déterminer ce que l’on doit produire et dans quels bâtiments il sera possible de produire, c’est la planification de mise en place. Cette dernière va être faite suffisamment tôt afin de pouvoir déclencher des commandes au couvoir en temps et en heure. Les couvoirs ont des besoins de planification, eux aussi très importants, dans la mesure où les lots, qui produisent les œufs qui vont donner des poussins doivent être connus bien avant pour laisser le temps de croissance, reproduction et de ponte. C’est pourquoi les demandes au couvoir doivent être faites en amont pour pouvoir organiser la mise en place.

L’outil d’aide à la planification, un assistant indispensable !

Compte tenu de tous les paramètres qui entrent en jeu, une assistance à la planification est plus que souhaitable.

L’objectif de l’outil d’aide à la planification va être de proposer des référentiels et des modalités de travail et de calcul qui vont assister le planificateur pour ce qui peut l’être. L’outil de planification peut mettre notamment à sa disposition les référentiels de bâtiments avec leur localisation, taille, capacité, le type de production pouvant être accueilli, le planning d’occupation, …

Le planificateur a besoin de ces éléments pour adresser la commande de l’abattoir qui va commander une certaine quantité de volaille qui dépasse souvent la capacité d’un seul bâtiment. Il va donc devoir répartir cette production dans les différents bâtiments qui sont disponibles, tout en en pensant également à organiser les livraisons couvoirs et les ramassages pour aussi optimiser la partie logistique. Tout cela nécessite vraiment d’avoir une vision précise de la répartition des élevages et de les connaître.

Concernant les objectifs de poids, il y a aussi la possibilité de remonter et consigner les informations sur les suivis des lots, au fur et à mesure de la vie du lot et de manière plus rapprochée à la fin du lot, pour pouvoir déterminer la date optimale d’enlèvement et d’abattage. Les poids cibles sont un enjeu important. Il est possible avec les outils actuels de réaliser des projections du type « vendredi il fera tel poids, le samedi, il fera tel poids et le lundi suivant un tel poids », afin d’aider le planificateur à choisir la date optimale d’enlèvement de la volaille par rapport au poids demandé par l‘abattoir.

L’assistance au planificateur permet aussi la gestion des différents types de production. Comme évoqué précédemment, le marché est hyper-segmenté, ceci signifie que selon le produit demandé les durées d’élevage, le type de bâtiment, sont spécifiques. La durée d’élevage et le bâtiment utilisable pour un poulet standard ne vont pas être les mêmes que la durée d’élevage d’un poulet bio ou label. L’outil de planification va pouvoir tracer ces éléments pour déterminer la durée d’occupation d’un bâtiment et connaître la date à laquelle les volailles rentrent dans le bâtiment, et leur date de sortie. Il va également pouvoir appliquer des durées de vide sanitaire qui, eux-aussi, peuvent être contractualisés selon le cahier des charges.

Nous n’avons parlé ici que de la situation idéale, celle où la planification se passe comme prévu jusqu’à l’abattoir. Mais bien souvent, il faut prendre en compte des imprévus, des difficultés à tenir le cahier des charges… Il faut alors réorganiser, répartir les productions, ajuster, adapter… Le travail du planificateur est très sportif.
L’objectif des outils d’aide, c’est d’apporter tous les éléments pour lui permettre de pratiquer ce sport, de manière la plus sereine possible, et lui fournir les éléments de décision nécessaires au bon moment. Il lui propose à la fois, la vision globale mais aussi la possibilité de modifier, de contrôler et revoir les calculs.

 

Pour aller plus loin…

Aujourd’hui, Kerhis travaille sur de nouveaux outils de planification pour aller plus loin dans l’ergonomie qui peut être proposée aux planificateurs, mais également pour intégrer des travaux plus en amont avec des modèles prédictifs. Ceci afin de pouvoir se projeter sur une vision plus long terme.

Plus d’informations sur nos outils de pilotage des activités de la filière volaille, sur notre site web.

 « Compte tenu de tous les paramètres qui entrent en jeu dans la filière volailles, une assistance à la planification est l’outil indispensable. »

 

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